Warja Lavater, reine des contes

dépliantLes leporello (livre accordéon) de Warja Lavater (le mot fait allusion à Leporello, valet de Don Juan, qui présente à Donna Elvira la longue liste des conquêtes de son maître, pliée en accordéon).

Peintre et lithographe d’origine suisse (1913 – 2007), Warja Lavater  est souvent plus connue du corps enseignant ou comme étant  la femme de l’artiste Gottfried Honegger. On ne compte plus en effet les projets et les ateliers réalisés par les enfants à partir de son travail.  Il est vrai que la réflexion autour du signe et du symbole (plus peut-être encore que de l’abstraction) est au centre sa création. 
Les personnages, les éléments de décor et les lieux sont représentés et symbolisés par des points de couleurs ou des formes géométriques selon un code annoncé en préambule.

Dans un de ses catalogues d’exposition à la galerie Maeght, Warja Lavater dit toute son admiration pour la ville de New-York de la fin des années 50. Non pour la rue en tant que telle, mais surtout de sa fascination pour la signalisation, la multiplication des signes à la portée de tout à chacun. C’est ce qui l’aurait décidé dans la voie de l’illustration cf. « La Promenade en ville ».

En s’appuyant sur les contes traditionnels,  Warja Lavater commence à publié son travail et a proposé ce qu’elle appelle ses « Imageries ». Le Petit Chaperon rouge (1965), un Petit Poucet (1965), la Fable du hasard (1968), la Mélodie de Tur di di (1971) ou encore les trop rares premiers Folded Stories (1. Wilhelm Tell. 2. Die Grille und die Ameise. 3. Match. 4. Party. 5.

Son esthétique proche du Bauhaus et du constructivisme russe propose un  jeu graphique qui repose d’abord sur un codification des symboles et des couleurs, immédiatement reconnaissable et transposable pour les plus jeunes lecteurs (dans plusieurs livres ces codes sont rassemblés dans une première page d’en-tête). L’autre nouveauté de ses ouvrages  est la disposition des pages.

La plupart des ouvrages de Warja Lavater sont manipulables, d’abord parce qu’ils sont d’un petit format, ensuite parce qu’ils sont dépliables, en accordéon, permettant (comme dans un flip-book à plat) une perception cinématographique des actions décrites. Ce dernier élément n’est pas négligeable dans le succès des livres de Warja Lavater auprès du public scolaire (bien qu’il soit peu utilisé concrètement). Car par ce principe de « livre animé », l’illustratrice peut partir d’un action panoramique, poser les conventions et les personnages, pour ensuite jouer sur le zoom, grossissant ou diminuant à souhait, selon les péripéties de l’histoire racontée. Ceci permet d’entrainer son lecteur dans une lecture sans fin, celui-ci choisissant l’ordre de l’histoire qu’il souhaite. Si ce procédé avait été utilisé avant elle, Warja Lavater en fait un principe et une formule unique pour ces ouvrages lithographiés.

+ d’infos

Ces célèbres imageries sont disponibles sur le site des Editions Maeght. Chaque conte se présente comme une page de plus de 4 mètres pliée en accordéon pour devenir un livre-objet.

« Les imageries de Warja Lavater : une mise en espace des contes… »

par Chritophe Meunier, 18 janvier 2013